(capture #1) dans un vase soliflore (solo)

capture solo

Il a sûrement l'air con, assis là, tout seul, un bout de bois dans les mains pour que le fil traîne dans l'eau. Il a jamais été un as à la pèche à la ligne. Plutôt mauvais, même. C'est jamais vers lui que les poissons se jettent. Il n'en est pas vraiment malheureux, au fond ; les pauvres pokémon doivent souffrir d'être tirés de l'eau si brutalement. Chester n'a jamais voulu leur faire de mal. Alors il regarde juste le petit flotteur qui remue au gré de l'eau. Ça l'apaise. Il peut rester là des heures, s'assoupit parfois, comme les bruits de la berge le bercent. C'est son moment de calme, qu'il aime quand il vient pour Cannellia. Petit paradis après l'agitation. Chanel n'est pas là. Enfermé dans sa pokéball, bien que ça brise le coeur de Chester, le Nidoran n'est pas un bon compagnon de silence. Oh, non. Parce que s'il dort bien dix minutes, l'ennui finit par l'agiter et il grogne, gratte la terre, court après tout ce qu'il voit, grimpe sur son dresseur et lui donne des coups de cornes. Alors il le laisse dans sa pokéball et se sent très mauvais dresseur. Il y pense parfois, le pauvre, se demande s'il a bien fait de le capturer, comme Chanel passe son temps à l'attaquer et à lui grogner dessus. Il soupire, enfonce le menton dans sa main et fixe toujours le petit flotteur rouge au bout de sa ligne, sans même remarquer qu'il commence à s'agiter.

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Mamambo et Qwilfish sont partis, sûrement bien remplis par les quelques baies oran avalées. Chanel est toujours tendu, en colère. Chester regarde les dernières baies flottantes. Il réfléchit. Ce serait dommage de les laisser là alors qu'elles sont si proches. Qui ne tente rien n'a rien. Poussé par son estomac, Chester enlève ses chaussures et remonte le bas de son pantalon. Il prend une grande inspiration, priant pour que la descente soit douce et que le sol ne s'effondre pas sous ses pieds. Chanel l'observe, perplexe. Son dresseur est-il déterminé ou complètement stupide ? Premier pas dans l'eau : elle est glacée. Il souffle, concentré, et fait un autre pas en avant. « Qu'est-ce que c'est froid... » Il ne l'aurait pourtant pas cru. Sans doute la saison. L'eau lui arrive sous les genoux, les baies sont encore à quelques mètres. Deux peut-être. Le bas de son pantalon est déjà mouillé, mais il ne reculera pas si proche du but. Il fait encore un pas. Marche sur une pierre. Tend le bras vers la baie la plus proche...

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Il tend le bras, le malheureux. Un pas de plus et quelques centimètres seulement le séparent de la baie. Il se mord la langue, comme si ça pouvait l'empêcher de perdre l'équilibre. « J'y suis presque... » Et un cri le fait sursauter. Il glisse, tombe, plouf. Tragique, mais prévisible. L'imbécile. Il boit la tasse. Chester remonte rapidement, trempé et paniqué, tourné vers la berge pour voir d'où venait le cri. Chanel ? Le Nidoran s'est jeté à l'eau à la suite de son dresseur. Mais pas pour les baies. Un Barpau affamé ou trop gourmand a eu le malheur de s'approcher un peu trop près et n'a pas échappé à l’œil de lynx de l'autre. « ARRÊTE ! » Bien que rapide, le poisson n'a pas pu éviter l'attaque de son agresseur, pas prêt de lâcher sa cible cette fois, quitte à aller contre les ordres de son dresseur.

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Chanel n'écoute définitivement pas son dresseur. Soit délibérément, soit juste parce qu'aveuglé par sa colère. Il court et saute dans l'eau peu profonde, créant un désordre monstre sur la berge. La canne à pêche tombe, le sac se remplit d'eau, Chester s'époumone inutilement tout en faisant de son mieux pour remonter rapidement, serrant dans sa main l'unique baie qu'il a tout de même récupérée. « Laisse-le ! » Rien à faire, le pauvre Barpau est condamné. Il sautille et tente plusieurs fois de s'éloigner, éclaboussant seulement le Nidoran qui n'en a rien à faire et qui continue d'utiliser sa corne pour le frapper. Une fois. Deux fois. Trois fois... Chester sait à quel point ces piqûres peuvent faire mal, surtout à un si petit pokémon. Si seulement Chanel pouvait l'écouter. Ou juste se calmer. Et si seulement Chester savait se faire respecter. Ça lui fait de la peine. Pauvre poisson...

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Un dernier coup de corne bien placé et le Barpau est achevé. Quand Chester arrive enfin, le poisson gît dans l'eau peu profonde, il respire à peine. Chanel est satisfait mais pas calmé par sa victoire. Son dresseur l'attrape fermement et le soulève, le fixant de son regard le plus autoritaire possible. « T'es content ?! Il pouvait pas se défendre, t'as pas à être fier ! Ça m'apprendra à te sortir de ta pokéball sans raison ! » Chester est dur avec son pokémon, il le sait. Un autre dresseur l'aurait sans douté félicité pour son combat ; pas lui. Parce que Chester a du mal avec les combats, la gratuité de celui-ci ne lui convient pas. Il espère sincèrement que Chanel le comprenne un jour et finisse par l'écouter. Trempé, il plonge la main dans son sac à dos pour en sortir la pokéball du Nidoran qui disparaît, mécontent, dans un rayon rouge. Le brun plaque ses cheveux mouillés en arrière et se mord la lèvre inférieure en regardant le pauvre Barpau gisant près de lui. Le laisser là dans cet état est au dessus de ses forces, mais le sortir de l'eau pour le porter jusqu'à un centre pokémon serait trop long et trop dangereux pour lui. Alors dans un dernier geste pour se faire pardonner, il prend une pokéball vide et l'ouvre pour lui, en espérant qu'il accepte son aide.

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Quand le Barpau entre dans la pokéball, Chester ne réalise pas vraiment. Quand elle remue dans sa main mais se calme rapidement, lâchant ce petit son caractéristique, il ne réalise pas non plus. Il a alors un instant de réflexion, il fixe la balle dans sa main. Quelques gouttes coulent de ses cheveux et éclatent sur le rouge de l'objet. Il réalise. « Putain. » Quatrième vitesse. Il fait quelques pas vers le chemin qui le mènerait à la ville la plus proche... Mais se rend vite compte qu'il oublie toutes ses affaires. « Merde. » Demi-tour. Il enfonce les deux pokéballs dans son sac, ramasse sa canne et tout ce qui traîne, ferme son sac à dos et le jette sur son épaule trempée. Un rapide coup d’œil en arrière pour s'assurer qu'il n'a rien oublié... Merde, ses chaussures. Il les enfile sans même les lacer. Dernière vérification. Un adieu aux baies abandonnées et bon appétit à Qwilfish et Mamambo ! Au moins, il est sûr de ne plus les revoir.

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